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Regarder, aimer, enseigner, libérer!

Nous embarquons à bord de notre Defender d'emprunt. Ce matin, Solene et maman se joignent à nous pour descendre en ville conduire les écoliers. Après 200m, nous prenons une femme et son bébé porté en écharpe. Au fil des rencontres, la densité de la voiture augmente... Nous terminons par embarquer un militaire partant en congé.

Les enfants, alignés sur les banquettes latérales du coffre enchaînent les chants branchés : papaoutai, coeur d'éléphant, sur ma route...

Plus qu'un kilomètre avant Musanze, mais la voiture n'y arrivera pas... Panne! Grosse fumée noire!

Nous libérons nos passagers. Nous ne restons pas seuls une minute. Tout le monde s'arrête pour voir comment aider.

En voyant le temps que prennent les gens pour donner un coup de main sans rien attendre en retour, ou même simplement pour assister avec curiosité au dénouement, nous comprenons que notre rapport au temps en Suisse est bien différent. Imaginez-vous un matin sur la route du travail, rencontrant une personne en panne sur la route... Si nous nous arrêtons, quel état de stress nous envahirait à chaque minute passant?

Jean-Aimé arrive bientôt avec un calme désarmant. Tout semble si normal. Ma foi, la mécanique n'a pas d'intérêt s'il n'y a pas d'énigme à résoudre.

Après avoir déposé enfin les enfants et trouvé une nouvelle jeep pour la journée, nous repartons en direction de la frontière avec l'Ouganda. Au pied du Muhabura, nous nous enfonçons dans la brousse pour trouver bientôt, au milieu de nulle part, une petite mission de quatre frères carmes.

Nous sommes venus voir le frère Bartek. Ce polonais, adoptif du Rwanda depuis bientôt quarante ans, est difficile à joindre par téléphone, mais très facile à trouver sur place. S'il n'est pas en mission pastorale, vous le trouverez en principe à la cuisine en train de faire des biscuits pour les visiteurs, ou à vérifier la cuisson du pain ou encore de mettre au point une nouvelle recette de fromage.

Une longue barbe hirsute dissimule les traits tirés d'un visage creusé par l'expérience. Au dessus de ses pommettes rehaussées par son sourire, percent deux petits yeux d'un bleu que les sourcils arqués et touffus ne parviennent pas à cacher tout à fait.

L'homme est façonné comme un moine sorti d'un livre, d'une histoire épique de missionnaire aventurier...

Sa voix sonore et sympathique nous invite à boire le café qu'on torréfie maison s'il vous plaît. Un arabica, que le vieil homme se plaît à nous montrer vert, avant torréfaction et noir, après. C'est qu'ici on prend le temps de laisser le grain reposer plus d'une année, car tant qu'il garde le pouvoir de germer, il garde de l'acidité... Et c'est encore notre rapport au temps que nous interrogeons...

Le frère Bartek nous parle bientôt de la pédagogie de Jésus : "bon, vous savez, moi je n'ai pas fait de hautes études de théologie, mais après une vie auprès des pauvres dans la campagne, je ramasse ce que j'ai découvert..."

Cette pédagogie ce résume en 4 mots : regarder, aimer, enseigner, libérer.

D'après le frère Bartek, tout l'évangile est marqué par cette manière de faire de Jésus.

Regarder : Sa première action se concentre sur le regard, sur le vis à vis. Est-ce que je prends le temps d'envisager l'autre?

Aimer : Une fois la brèche ouverte, il faut prendre encore le temps. Rester c'est aimer nous dit frère Bartek. C'est aimer toujours davantage.

Petit à petit je réalise que l'autre est "plus que ça". Ce que je prends le temps de regarder et d'aimer me dépasse... Frère Bartek insiste : "c'est toujours plus que ça! Nous devrions toujours regarder les choses en nous disant, c'est plus que ça."

Enseigner : Cette prise de conscience permet l'action la plus ajustée, la plus respectueuse et la plus authentique possible. L'enseignement devient alors une véritable charité, au sens fort du terme. Je te donne le meilleur de moi-même. En te regardant et en t'aimant, échanger avec toi s'enchaîne naturellement.

Libérer : Enfin, si l'ouverture est réciproque elle produit un fruit : la libération. Toute relation d'amour implique une transformation une croissance et "plus que ça!"

Le cours terminé nous goûtons encore au fromage et saucisson maison, sans oublier le yaourt et la confiture aux trois fruits! La journée se termine par une petite visite du potager de la petite communauté dont le champ de sorgo.

Nous repartons avec le coeur rempli d'une charmante rencontre et d'une belle découverte!

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