top of page

Re...Naissance

Partir, partir pour découvrir l’autre, celui qui vit plus pauvrement ou d’une autre richesse, celle qui n’encombre pas, qui n’est pas facile, mais qui donne le sourire, je ne sais comment. Partir pour se laisser toucher, pour apprendre, pour changer. Lâcher-prise sur son quotidien, son confort, se laisser mener par une autre vie. Découvrir si l’on peut vivre autrement, plus simplement. S’ouvrir à l’inconnu.

Voilà ce qui m’habitait avant de me déraciner, pour un an.

Alors, on a lâché-prise, on s’est ouvert à l’autre, à celui qui nous est différent. On s’est laissé bousculer par d’autres manières de faire, comprenant que notre logique n’est pas universelle. Il y a logique d’efficacité, il y a logique de temps partagé. Vouloir débattre de ce qui est plus important, c’est déjà passer à côté du sujet, de la transformation.

On a appris un quotidien plus dépouillé, sans fioritures, ni divertissement particulier. Un quotidien qui rend disponible aux joies simples, sans superlatifs artificiels, qui ouvre aux extraordinaires donnés par la vie. Ainsi l’homme assis au bord du chemin ne paresse pas. Il sait simplement se reposer d’une semaine de dur labeur. Il regarde la vie qui passe, s’ouvre à elle, la considère. L’autre existe, il le voit, il l’aime.

On a découvert la richesse de ce peuple dépouillé de tout, qui croyait même avoir perdu son humanité, et duquel a jailli une humanité plus belle, plus grande, plus vraie. Une humanité solidaire qui embrasse, qui surpasse, qui rit, qui pleure, et qui avance toujours.

Mais ce n’était pas encore assez.

La transformation devait prendre un autre visage. Un visage plus caché, plus inattendu, plus profond encore. Petit à petit, nous avons découvert cet autre, l’inconnu inattendu. Celui qui allait effectuer notre véritable transformation, nous révéler à nous-même, au cœur du Rwanda.

Le lâcher-prise a revêtu une forme plus profonde, plus décapante.

Alors, on a recommencé. De l’intérieur cette fois, non plus en regardant, mais en vivant.

On a lâché-prise sur notre projet de lâcher-prise, bien ficelé malgré tout, et on a accueilli la Vie. La vraie, celle qui sublime tout et qui grandit pourtant bien humblement, au rythme de notre disponibilité, bousculant nos certitudes pour mieux casser les frontières mises à l’amour. 9 mois pour s’ouvrir à l’autre, bien pauvre dans sa fragilité, et pourtant si riche de ce qui nous dépasse et qu’on ne peut que recevoir. 9 mois pour apprendre à réellement baisser le rythme, à nous mettre non seulement au rythme africain, mais à celui de l’accueil d’une Vie à l’africaine. 9 mois pour entrer dans ce silence, prémisse à toute grande œuvre. Les 1001 projets de vadrouille en jeep sur les pistes poussiéreuses, l’ascension des différents volcans, et autres ont peu à peu laissé place à cette vie de proximité, de promiscuité parfois, avec les habitants du Pays des Mille Collines. Ces femmes si courageuses et rayonnantes, portant leur bébé dans le dos et leurs légumes sur la tête, nous ont appris le don, celui où l’on ne compte pas, mais on donne tout. Celui qui donne finalement la vraie joie. Cette joie qui rend libre qu’importe l’endroit où l’on se trouve !

9 mois pour faire ce chemin à l’intérieur de soi, vers soi, vers Celui qui concrètement nous révèle à nous-même. Homme, Femme, Père, Mère.

8 mois sont passés.

Faire confiance à Celui qui nous a fait confiance en premier.

Accueillir un projet qui nous dépasse, fécondité de l’amour.

Etre dans la joie de ce qui n’est pas une fin, mais un début.

Voilà ce qui m’habite, à la veille de donner une nouvelle fois la vie. Je pensais me déraciner pour un an, je me suis enracinée pour longtemps.

Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page